dimanche 2 septembre 2018

Mahabalipuram


Namaste tout le monde !

Le quotidien en Inde est toujours incroyable, toujours bruyant, chaud et complètement fou. Mes semaines passent et ne se ressemblent pas : je donne mes cours de français et prend plaisir à voir mes étudiants s’améliorer. Certains ont des difficultés mais ne ménagent pas leurs efforts, d’autres sont un peu plus dissipés, mais tous semblent heureux de me retrouver pour apprendre et m’entendre raconter quelques blagues.

I hope everyone had a blessed week. Life is still super exciting here in India; my classes are going well and my students get more and more acquainted with the beautiful French language. I am proud of them and all the efforts they put into learning.

Ces deux dernières semaines je me suis battue avec l’administration, notamment pour avoir les impressions de mes examens, à l’heure, en bon nombre et le jour escompté. Ce n’est pas beaucoup demandé, mais il semblerait qu’ici-bas, les choses soient plus compliquées à obtenir. J’ai donc dû, le jour de mon exam, faire les photocopies moi-même, et arriver en cours en retard, chose que je déteste. Tiens, en parlant de ça, je commence à être fatiguée que mes élèves arrivent constamment avec 10-15 voire 30 minutes de retard en classe. Cette semaine j’étais tellement fâchée, qu’au bord des larmes, je me suis retournée face au tableau blanc et ai commencé à crier et jurer en français que je n’en pouvais plus de ces petits cons mal élevés. Certains m’ont regardé d’un air de dire « elle est complètement cinglée cette prof » et je n’en avais RIEN A FOUTRE. Pardonnez mon langage. Bref. J’étais pas venue pour parler de ça, mais il fallait que j’exprime un peu ma frustration. Merci d’avoir supporté à mes côtés.
Histoire de sortir la tête de l’eau et de découvrir un peu les alentours, j’ai décidé, en accord avec mon ami Joshua, d’aller passer une journée à Mahabalipuram. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, Mahabalipuram est une petite ville côtière du sud de Chennai, pleine de charme et de jolis temples anciens. 


Une fois sur place, j’ai eu la déception de voir que l’entrée des lieux touristiques était payante, et carrément plus chère pour les étrangers. 600 roupies (7 euros) me concernant contre 40 pour les Indiens. C’est un peu dommage de faire une telle distinction, comme si tous les étrangers étaient forcément riches. J’ai eu l’idée de montrer mon compte en banque au mec, histoire qu’il voit que la richesse ne faisait pas partie de ma vie, puis j’ai laissé tomber !


I’ve been teaching for a month now, and let me tell you: it’s not always easy. First: my students are ALWAYS late, like, no joke. This makes me so angry, I feel like I’m wasting time, and though I have been clear with the rules at the beginning of the year, some have difficulties integrating them. A class starts at 12:30? Well, some students will come at 1pm with a very chilled attitude and the only excuse of being at lunch before. Last week I broke down and shouted like a crazy person because of it. Second: as I told you in my previous post, living in India has taught me to be patient and more tolerant, but Lord, the administration here drives me mad! I sent my exam to the printing office a week before I needed it; what happened on D-Day? No papers and a sweaty super angry Clarisse trying to have them printed herself. Yup, some things get on my nerves quite easily. However, I would not change this experience for all the gold in the world.
Thankfully, the week end arrived quite quickly and I got plans to leave the campus and spend time somewhere I would not see students, colleagues or anyone related to university. I decided to go to Mahabalipuram with my friend Josh for a day of visits and fun.

Accompagnée de mon compère indien, j’ai pu découvrir un temple millénaire, très bien conservé, et entouré de statuts de vaches. Nous surplombions la plage et l’air iodé flottait délicatement dans l’air. Cette odeur me rappelle les vacances, les moments en famille et j'adore ça!



Après avoir fait un tour au milieu des ruines, nous avons pris le temps de déjeuner. Sur les conseils de Josh, j’ai goûté à mon premier « parotta », sorte de crêpe épaisse, au goût similaire aux msemens (crêpes qu’on retrouve au Maghreb où dans chaque cuisine de nos grand-mères méditerranéennes) que j’aime tant. Une assiette ne m’a pas suffi, j’en ai donc commandé une seconde, histoire de vérifier que je n’avais pas rêvé. Le régal le plus total pour mes papilles.

When we arrived, we bought tickets to enter a beautiful temple, more than a thousand years old. From there we could see the waves breaking onto the shore, some fishermen coming back from the sea, children running and bathing and women selling some good stuff on the beach. The temple was beautiful, the place was peaceful and smelt like heaven. The sun was hiding behind a sheet of clouds, and though, the atmosphere was extremely warm. After a grand tour of the ruins, we decided to go for lunch. I had parotta (indian crepes that one should dip into spicy veggie sauce) for the first time and I had the time of my life. This meal is good people!


Le ventre tendu par tant de délices, nous avons commencé l’ascension vers un second temple… C'est l'estomac tout retourné par trop de cardio que nous avons apprécié la vue : d’un côté la mer du Bengale, de l’autre l’horizon vert du Tamil Nadu. Un peu plus loin s’élevait un phare dans lequel je suis montée pour apprécier la vue.

After a good lunch, Josh and I visited another site, this time built onto huge rocks. There was also a lighthouse, and for the first time of my life, I went inside and climbed upstairs to enjoy the view. The photos speak for themselves, I hope you like the view as much as I did.

 
Cette journée était splendide, pas trop ensoleillée mais chaude tout de même. Quelle chance j’ai d’avoir pu visiter un si joli endroit, et de voir de mes yeux des merveilles de l’ancien monde Indien… Sur ces souvenirs impérissables, j’ai entamé une nouvelle semaine de vie, requinquée, positive et prête à raconter à mes étudiants mon petit week-end.


Ah, j’oubliais ! Voici pour vous une autre série d’anecdotes rigolotes :

1-     Je vous ai dit qu’il y avait des singes sur le campus, right ? Et bien ils ne sont pas là par hasard. J’ai récemment remarqué que les arbres au-dessus de ma tête étaient en réalité des manguiers. DES MANGUIERS ! Yes, yes, je trouve ça formidable. Les petits malins viennent donc se repaitre de douceurs avant de vaquer à leurs occupations.
2-    L’Inde est bruyante. Rien de nouveau jusqu’ici. Le soir, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le bruit s’intensifie. A quelle occasion, me demanderez-vous ? Et bien sachez que pour les funérailles, les locaux font exploser des coups de canons à répétition, et que pour les mariages, ils investissent sûrement beaucoup d’argent pour des feux d’artifice. Sortir le soir pour dîner est devenu synonyme de spectacle gratuit et plein de couleurs !
3-    Les oiseaux-alarmes font toujours des leurs le matin, ne me laissant que peu de répis… ils sont pénibles et me réveillent tous les jours, mais bon ; ils étaient là avant moi, donc je m’adapte à leur rythme.

Highlights of the week before I leave ?

1-     Fireworks are a daily business here: for weddings and celebrations people make colourful fires pop in the sky. I cannot always see them, but I can hear them every night for sure! Sometimes they make me jump, I always fear they are bombs or something, but when I see the lights, suddenly my heart calms down and enjoys the beauty up in the sky.
2-    I’ve solved the mystery of the monkeys on campus; as it happens, many of the trees growing here are mango trees, which, I guess are one of the many fruits monkeys like. Can you imagine! From a French point of view, mango trees are just incredible! Yup, I’m amazed by the very small stuff.
3-    Did someone say late morning sleep? No Sir. It is im-po-ssi-ble here; the building in front of my house is being renovated so you can only figure the noise out. As if this was not sufficient, the alarm-birds, as I like to call them, are arguing every morning on my balcony, so, yeah, no late sleep for me.

Vous ai-je dit que je vous aimais ?


KEEP SMILING :)

Clarisse.

vendredi 24 août 2018

Bonjour India !


Namaste !

Voilà bientôt un mois que je suis arrivée en Inde, et j’ai beaucoup à vous raconter. Toutefois, avant toute chose, je pense qu’un petit récapitulatif est de mise. Qu’est-ce que je fais là ? Comment je suis partie ? Ma décision était-elle réfléchie ? Bref, tout un tas de questions qu’on me pose régulièrement et auxquelles je compte répondre brièvement. 

I have been in India for a month and have sooooo many things to tell. Some people have asked me questions about the reason for my being here, what I am doing, how I am staying… Here are the answers!

Alors que je me préparais psychologiquement à enchainer mon Master de recherches avec l’agrégation d’anglais, et que je m’imprégnais de la future merde qu’allait être mon existence, une petite étoile a décidé de briller juste au-dessus de ma tête. Un matin froid de Février, j’ai ouvert mes mails et ai trouvé une offre d’emploi : l’Institut Français en Inde recherchait des lecteurs, et était prêt à recruter des jeunes formés non seulement en Français Langue Etrangère, mais aussi des linguistes, des chercheurs ect… Une petite année auparavant, j’aurais à peine posé les yeux sur un tel message, sachant pertinemment que ma santé physique et mentale ne m’aurait pas permis d’imaginer une telle expérience. Ce mois de Février pourtant, bien que tout juste sortie de la brume d’un important burn-out, j’ai vu ce mail comme une main tendue du ciel. Ni une ni deux, j’ai téléphoné à mes proches, leur expliquant la situation, et leur ai demandé conseil : était-ce complètement fou de ma part de vouloir postuler ? Allais-je m’engouffrer dans une impasse qui me ferait sombrer à nouveau ? Le temps manquait à la réflexion, en effet, bien que mise au courant à la mi-Février, il fallait rendre un dossier de candidature complet à la fin du mois, autrement dit, quinze jours plus tard. Pour faire court, j’ai passé deux coups de téléphone, réfléchi une après-midi, et le lendemain ma décision était prise. Comme lors de ma folle et insouciante jeunesse, j’ai oublié ma trouille et j’ai juste suivi mon instinct, en attendant de voir ce que le destin me réserverait. Mars est passé, et je n’ai eu aucune réponse. Avril, pareil. Mai, toujours rien. Et le 28 Mai, un message, m’indiquant que j’avais été sélectionnée et que je devais passer un entretien Skype le lendemain. Long story short, j’ai été prise, et deux mois plus tard je devais me trouver à Delhi pour une formation. Ah, et oui, petit détail : j’ai été recrutée comme tutrice de français dans une université située au sud de Chennai.

In the middle of my second year of masters, while I was writing my thesis and preparing my future, I received an email from the French Institute in India. Persuaded that I would spend the next year sweating and crying over the preparation of the English Agrégation, I saw this message as a sign of fate. The people of the French Institute were looking for candidates to teach and promote the French language in Indian Universities. All of it was super unexpected, and kind of crazy to think of, so I called my mom and my boyfriend, asking them if I was mad to apply or if I should just go for it. It took me a few hours to make up my mind and to decide that I would send my application and just wait for the result. I had nothing to lose, was I not accepted, I had other plans. A short three months after sending my file, I got an email informing me that I had been selected for a Skype interview the next day. The interview went really well and I got told that I had to be in New Delhi in two months. Was I ready? No. Was I anxious ? Not at all. I took it super smoothly, considering I had sign to spend the next 9 months of my life in a completely different universe. I let everything that went wrong before behind me, and decided to go back on an adventure with myself. I would spend this new year in the South East of India, in the wonderful city of Chennai, and I was so ready for it.

Voilà pour ça. Les deux mois sont passés à une vitesse incroyable, et sans même réaliser ce qui était en train de m’arriver, je me suis retrouvée dans un avion direction Abu Dhabi puis New Delhi. Contrairement au Canada, où les larmes ont coulé, non pas juste pour les adieux, mais pendant un bon gros mois après mon arrivée, je n’ai pas pleuré (vous pouvez m’applaudir) en quittant la femme de ma vie, j’ai nommé ma mère, à l’aéroport. L’angoisse, elle-aussi, était aux abonnés absents, tout comme l’excitation. J’étais extrêmement sereine de partir pour cette nouvelle aventure, et je ne me suis fait aucun film au préalable. Comme ça, je m’assurais avec certitude la surprise, et non la déception. Je sentais au plus profond de moi que c’était le moment, mon moment, et qu’il était temps de tourner la page des douloureuses années passées, et d’avancer vers un horizon inconnu. 

Dix-huit heures de voyage plus tard, je suis arrivée, fatiguée, dans la chaleur, la moiteur, l’odeur et le bruit de la capitale indienne. A peine sortie des douanes, j’ai été efficace en m’achetant une carte sim et en prépayant un taxi direction l’hôtel. Là encore, j’étais très calme, un peu comme si mon cerveau s’était mis en auto-hypnose et avait décidé de prendre chaque chose à la fois. Une fois à l’hôtel, j’ai rencontré les autres lecteurs et nous avons pu suivre une formation de trois jours à l’Institut Français afin d’en savoir plus sur la vie indienne, nos futurs établissements, nos missions d’enseignants et notre rôle d’ambassadeurs et ambassadrices de la France. Le stage d’accueil terminé, pas le temps d’niaiser, chacun a pris son avion en direction de sa ville d’affectation.



Back in 2015 I decided to go and live in Canada, I had so many dreams in mind, so many expectations that happened to fall apart when I arrived and realized they were just dust in the reality of things. Even if I keep a good memory of the year I spent in Québec, my heart keeps the bittersweet taste of sadness, anxiety and remembers all the hard stuff I had to go through at only 22. Three years later, I feel like I had more tools to face the future, and more maturity to go through life in a healthier way. The past two years shaped me, drove me to dark places and showed me that the important stuff in life are not always those we think about first. So, after taking the decision to leave France, I kept in mind to forget about expectations, anxiety, excitement or anything of the matter, and just to focus on the here and now. I learnt how to take things one after the other and to just live the moment. Tomorrow’s not here yet.
I arrived in the sweaty, messy and loud city of Delhi after travelling for 18 hours straight. I was tired and smelt really bad, but I was happy to be here. I took a taxi from the airport to the hotel, had a shower, a good night sleep and was ready to take on the next day as a pro. The French Institute had planned a 3-day orientation program for its tutors before sending them into the wild. After that, each and every one of us would be on their own to deal with their job and life.

 
Chennai, Jeudi 2 Août 2018, 23 heures.

Accueillie par Anthony (un employé de l’université) à l’aéroport, j’ai pris la route pour mon nouveau chez moi. A moitié endormie et gelée par la clim de la Jeep, j’ai découvert mon appartement tout confort, peint d’un horrible bleu (genre celui qu’on retrouve dans les tubes de gouache) avec des rideaux assortis. Non sans rire, en dehors de la couleur atroce, j’adore cet endroit, et je réalise la chance que j'ai d'être logée ici. C’est le plus grand appartement que j’ai eu en sept ans !! J’ai la clim et un ventilateur au plafond, que j’utilise tous les jours (même si je dois avouer avoir un peu peur qu’il me tombe sur la tête) ce qui est, je vous assure, le plus important ici. En ouvrant la porte de ma salle de bains, j’ai eu le plaisir de retrouver des souvenirs du Vietnam : un grand seau, une coupelle, et voilà une douche ! Pas d’eau chaude, et une petite famille de rongeurs installée entre la moustiquaire et la persienne. Tous ces éléments réunis ont eu raison de moi, et j’ai décidé, telle une crasseuse, de me coucher sans me laver autre chose que les mains, les dents et les pieds ; le reste pouvait attendre le lendemain.

Parlons-en, tiens, du lendemain. Persuadée de me faire embarquer pour un simple petit déjeuner par le fameux Anthony, je suis sortie de ma chambre (propre) avec un jean, un tee-shirt, mes Birkenstock de néerlandaise au camping, et une face similaire à celle des rats de ma SDB. Mauvais choix, très très mauvais choix. En sortant, on m’a présenté à ma boss, qui m’a elle-même emmenée manger. Pour la bonne première impression on repassera. Par la suite elle m’a montré mon bureau, le département, et m’a confiée aux soins de ma collègue française pour la visite des locaux et autres hauts lieux de l’administration.


I arrived in Chennai on August 2d and was picked up by a guy from my university at the airport. After a long drive in what seemed to be the bumpiest desert ever, we arrived on the campus, and at my new place. I was seriously exhausted and glad to be there, but when I realized the shower was not working, that I had to sit under the tap and wash myself with cold water, I just gave up. Hands, teeth, feet, and the rest would wait; I went to bed and slept like a babe. The next day, I was taken to breakfast by Anthony (the guy who picked me up) and presented to my boss. I did not plan to meet her right away, neither did I plan to spend the whole day at the office: I was dressed like a German tourist, with a bun on top of my head, no makeup and a good old pair of Birkenstock to my feet. Let’s pray the boss does not care much for 1rst impression. I discovered the campus, my office and all the buildings. Everything is is super nice here: very green and clean (compared to everywhere else) and I loveto be able to walk freely from one block to the other.

Le campus est agréable, il est très vert et tout est accessible à pieds, ce qui est fabuleux. Au centre se trouve la cantine, bruyante et plus chaude qu’un four, dans laquelle je déjeune chaque midi de semaine. Je ne suis pas difficile, donc je trouve que tout est super bon ; les épices indiennes sont extraordinaires et donnent un gout fameux à n’importe quel plat. Pour ce qui est de l’eau, on la trouve en bidons dans des distributeurs un peu partout, donc pas besoin de ruiner la planète en bouteilles plastiques. Dans le cas où certains seraient curieux de connaitre la situation de mon système digestif, sachez que TOUT VA BIEN. J’ai fait quelques cacas mous les premières semaines, mais rien de méchant, et les choses sont rentrées dans l’ordre.
J’ai donné mes premiers cours la semaine qui a suivi mon arrivée, et OMAGAD ça s’est tellement bien passé ! C’est comme si tous les éléments étaient réunis pour rendre la classe géniale. Mes élèves sont pleins de bonne volonté, ils sont vifs, curieux, intéressants et intéressés par la langue française. De mon côté j’adore ce boulot, et je réalise qu’enseigner est vraiment ce pour quoi je suis faite ; inutile de dire que j’adore aussi mes étudiants, que je trouve tous plus touchants les uns que les autres. C’est le rêve.



I gave my first French lessons the week after my arrival, and everything went so well. I was super glad to start teaching, and I could see that the students were really motivated to learn more about the language and the culture. All of them are so nice and so willing to do/be good, it amazes me. I feel like a fish back in water after a few shitty years when nothing went the way I wanted them to go. Teaching is so interesting, it is so refreshing to see yourself on the other side of the class, and to feel like what you say is being heard and understood. I am so glad to be able to help people know more about my country, and to initiate them to the beautiful French language. So yeah, of you’re looking for me, I’ll just be on cloud 9, ok ?

 
En partant de France, je savais que les choses allaient devenir drastiquement différentes de tout ce que je connaissais, et qu’il faudrait donc que je m’adapte. C’est donc dans le plus grand des calmes que j’apprends à apprivoiser ce nouveau quotidien. J’ai vite compris qu’ici il fallait s’armer de patience et de beaucoup de recul dans tout ce que l’on entreprend, et j’applique la règle telle une élève disciplinée. En Inde, les gens te passent devant pour tout et surtout n’importe où, et particulièrement quand tu es une femme. Le concept de queue n’existe pas, et c’est au plus vaillant que revient le passage rapide. Il faut donc jouer des coudes, et ne pas se laisser faire. Ce pays est une véritable fourmilière à l’intérieur de laquelle les ouvrières ne s’arrêtent jamais. Les rues grouillent de monde, et le bruit ambiant se compose de coups de klaxons divers et variés, car ici, l’angle mort n’existe pas, et on fait du bruit pour signaler sa présence. Laissez-moi vous dire qu’il ne vaut mieux pas que je conduise ici car une fois en France, je serai un danger public (encore pire qu’avant). Les angles morts, c’est pas vraiment mon délire. Quoi d’autre ? Ah, il n’y a pas de trottoirs, genre pas du tout. Nulle part. Les bords des routes sont la poubelle du monde dans laquelle on retrouve tout et n’importe quoi : de l’ordure ménagère à la bouse de vache, du chien mort, au tas de plastique brûlé… L’idée lorsqu’on marche, c’est d’éviter de penser aux éventuelles maladies qu’on pourrait attraper si on tombe, et de prier pour la planète, y’a rien d’autre à faire. Au pays des vaches sacrées, ces dernières sont partout. On sait, en partant en Inde qu’on en croisera dans les rues, mais, je vous assure, c’est toujours impressionnant et drôle à la fois de marcher aux côtés d’un groupe de copines à quatre pattes. Elles sont très zen dans ce monde qui pourtant va à la vitesse de l’éclair, et vivent leur vie sans se soucier de ce qui se passe autour d’elles. Elles mangent tout, et surtout des ordures, lèchent les affiches publicitaires sur les murs, et dorment part terre, sur le bord, ou en plein milieu de la route. Je suis contente qu’on ne consomme pas de viande bovine, parce qu’avec les merdes qu’elles ingurgitent… Les indiens prennent grand soin de leurs vaches (d’ailleurs je n’en ai pas vu une abimée par un véhicule ou autre) et les parent de bijoux ou leur peignent les cornes aux couleurs des dieux. A chaque fois que j'en voit, j'ai toujours un petit sourire, je les trouve si belles parées de leurs couronnes de fleurs et de leurs bracelets de cheville... En plus de ces dernières, il m’arrive souvent de croiser les biquettes, des chats, des chiens et des singes. En parlant d’eux, un groupe de macaques s’est installé dans les arbres devant mon balcon, et vient régulièrement me demander à manger. Je nourris tout le monde avec joie, vous vous doutez bien !


Life is so different on this side of the world and I cannot help but to love it with all my heart. People are always amazed to see me walking to places, because none of them walk; they prefer to take a cab, a rickshaw or a motorbike. My ecological motivations are sometimes shaken, and mostly because of the absence of pavements and the omnipresence of rubbish on the floor. Cow poo, burning rubbishes, broken furniture, you name it… whilst walking, I make sure to look on the floor rather than around me to check if no rusty piece of metal is piercing my shoes! In India, it is hard to feel lonely, because you are always surrounded by people and animals. Cows and buffalos, of course, but also many dogs and goats. I personally have a family of rats currently living on the edge of my bathroom window, a group of monkeys hanging out on the trees just next to my balcony and a bloody colony of geekos all around my flat. They make weird noises that sometimes scare me at night! Being here teaches me to be patient and tolerant, calm and open minded. It feels good to be reminded of such qualities. 

What else ? ah, ça surprend toujours les gens que je marche. Genre je vais à la poste à pied par exemple, et tout le monde trouve ça fou. Il est vrai aussi qu’on est souvent regardé.e avec insistance ici, mais je vous avoue que je ne suis pas particulièrement gênée. C’est normal après tout, je débarque avec ma peau ni vraiment blanche et ni vraiment foncée, mes manières d’occidentale et mon sourire béat, les gens ne peuvent qu’être intrigués par un tel spécimen. J’ai appris un peu de tamoul, donc je baragouine deux trois mots quand je me retrouve serrée au fond d’un tuk-tuk, et puis je me retrouve un peu con quand on me répond et que je ne comprends pas. Dans ces cas-là je souris, et je me dis qu’à chaque jour suffit sa peine. Aujourd’hui je sais demander à quelqu’un comment il va et me présenter, demain je saurais écrire des romans en tamoul !


J’ai encore tellement à vous dire, mais cet article est déjà bien long… Je vous fais une petite liste des petites anecdotes marrantes et on se dit bye ?

1)     Ici, je suis Classie, ou Clarie, Clarisse a disparu.
2)    Ma douche est cassée, du coup je me lave sous le robinet, assise sur un bébé tabouret, c’est moins fatiguant !
3)    Il n’y a pas de clim dans les salles de classe ou dans les bureaux. Et il fait une trentaine de degrés, donc je sue telle une bête et je pue le chameau, mais je m’habitue.
4)    Chaque semaine je vais à la poste, et pour coller mes timbres, j’ai à disposition un petit pot contenant une masse informe et grise, comme une énorme crotte de nez, qui s’avère être de la colle. Le but c’est de prendre un petit morceau, d’en faire une boule et de l’étaler derrière les timbres. Ensuite y’a un petit chiffon qui paie pas de mine pour s’essuyer le doigt. C'est crassou mais c'est comme ça !
5)    Les coupures électriques sont quotidiennes et fréquentes, du coup il m’arrive trèèèèèès souvent de me retrouver dans le noir et sans clim mais, encore une fois, c’est le jeu, alors je m’en accommode !

Want to know some fun facts?
1)     My first name has changed from Clarisse to Classie or Clarie, and I like it.
2)    Cows are genuinely not that kind with me, like I tried to touch one last week, and she pushed me hard like a was a some kind of rubbish on the side of the road.
3)    Electric shutdowns are an everyday detail that I do not even notice anymore. Sometimes the aircon does not want to work after a shut down and I just have to bear it with the fan.
4)    Talking of which… there is no AC on the campus, like, no joke, we give classes with just fans and it is currently 34°C. Can you imagine the smell at the end of the day? I can.
5)    I looooove my life right now and would not change it for anything, not even hot water to shower !



Ma vie ici est formidable et je n’échangerai ma place pour rien au monde. Je pense souvent à mes proches, mais pas au point de pleurer comme un bébé ou d’avoir envie de rentrer. Genre, pas du tout même. Ne leur dites pas though. Je sais que ce n’est que le début et que mon avis sera amené à changer, mais pour l’instant, je me sens tel un poisson dans l’eau, et j’ai envie de rester ici pour toujours ! Je retrouve chaque jour un peu plus celle que j’ai été, et que j’ai tant aimée : cette Clarisse amatrice de merveilles, qui voit le verre complètement plein peu importe la situation et qui adore la vie. Elle m’avait manqué, et je suis si heureuse qu’elle soit de retour.



Keep Smiling :)


Clarisse.