Bonjour tout le monde,
Je ne suis pas revenue depuis un bon moment; depuis avant
Halloween il me semble. J’avais beaucoup à vous raconter, de ma journée/soirée
costumée, de mon passage en Ontario et tout ce que j’y ai vu et vécu, et puis
le 13 Novembre est arrivé.
Le Vendredi 13 Novembre dernier j’étais chez moi, à
Montréal. Je venais tout juste de rentrer, et j’étais d’excellente humeur. En
arrivant devant ma porte, j’ouvre ma boite aux lettres et découvre plusieurs
choses m’étant destinées, dont des lettres et cartes d’amis et de famille.
Ravie, je me suis directement installée sur mon bureau, j’ai
attrapé ma plume et me suis mise à écrire aux gens que j’aime. Une demi-heure
plus tard je me suis rendue sur Facebook pour trouver des adresses postales
dans mes messages quand la mauvaise nouvelle m’a été annoncée par une amie.
Du début à la fin j’ai suivi les évènements. Le stade,
les cafés, et le Bataclan.
Seigneur, ô Seigneur, que sont-ils en train de faire à
mon pays ? Que sont-ils en train de faire subir à tant de gens dans une
salle de spectacle ? Pourquoi tuent-ils mes compatriotes ? Pourquoi détruisent-ils
ma nation ?
Les heures d’angoisse ne faisaient que commencer.
Et là, presque comme si l’atrocité m’avait embrumé l’esprit,
je réalise que je connais des gens sur Paris ; pire : j’aime des gens
sur Paris. Amis, famille, amis qui sont comme de la famille… Tout le monde va
bien ? Angoisse de plus belle. TOUT VA BIEN ? Grâce au ciel tout le
monde est sain et sauf ; soit loin des attaques, soit reclus chez eux,
bien en sécurité de tous ces fous assoiffés d’une vengeance qui ne signifie
rien.
Je reste chez moi, hagarde, folle de ne rien pouvoir
faire, et terrifiée pour les miens. Tout s’effondre et les sanglots s’emparent
de ma poitrine et de ma gorge. C’est comme si le monde s’écroulait autour de
moi.
J’appelle les amis qui devaient venir fêter chez moi ce
soir ; j’annule tout. Je suis incapable de rire, ou même de parler ce
soir, je suis en deuil. Ce soir les français de Montréal lancent un appel au
regroupement devant le consulat ; je décide de m’y rendre, et les amis
(français ou québécois) prévus pour la soirée m’accompagnent. Nous ne formons
qu’un dans cette douleur. C’est dur, c’est tellement dur.
Une semaine a passé depuis cette tragédie, et la
tristesse a laissé place à la rage, une rage pour la liberté, une rage de
fierté pour mon pays que j’aime tant et tous les droit qui me sont offerts ;
une rage de vivre et de me battre contre l’obscurantisme, une rage de faire
enrager ces fanatiques fous furieux en sortant, en buvant, en mangeant, en riant,
en vivant tout simplement. Avec elle un autre sentiment bizarre me vient aussi.
Dès l’annonce des attaques, le mot qui m’est venu à l’esprit est : « Pourquoi ? »
oui, pourquoi tout ça ? Pourquoi cette haine ? Pourquoi la mort ?
Pourquoi faudrait-il tomber dans le schéma d’une vie pour une vie ? Je
refuse de plonger moi aussi dans la vengeance, de vivre animée de haine et d’amalgames.
Je préfère laisser la place au pardon.
« Pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »
(Luc 23 :34)
Je me dis que ces personnes qui font du mal autour de
nous, ces terroristes, sont dans une situation terrible de
détresse. Ce sont des âmes perdues, récupérées par un autre fou, et modelées
pour les faire devenir des machines de guerre. A quel prix ? Celui du
Paradis.
Un Paradis auquel seuls les tueurs accèdent?
Je voudrais bien voir ça.
Pauvres âmes, pauvres terroristes, pauvres fous. Je
préfère les plaindre, car ils ne savent pas ce qu’ils font. La détresse, l’abandon,
le chagrin, la bêtise, toutes ces choses finissent probablement par faire
perdre pied à certains. Alors je me dis, plutôt que de m’acharner à user de l’énergie
à les haïr de tout ce que j’ai, je vais les pardonner, en me disant qu’ils ne
savent pas ce qu’ils font.
J’espère que vous tenez le coup après l’horreur, et que
malgré tout, vous vous exercez à garder la tête haute.
Je vous embrasse bien fort et vous envoie tout mon amour.
KEEP SMILING :)
Clarisse.
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